Intégralité de la contribution intitulée "Une Europe tournée vers la protection des salariés et des consommateurs"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Démocratie et citoyenneté le 23 janvier 2019 à Caixon .

En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
A quatre mois des élections européennes, le thème de l’Europe est étrangement absent du débat national proposé. Or à l’évidence, ses orientations et choix politiques sont la clef de voute de l’architecture économique de nos vieilles nations. De façon absolue et certaine, nous avons besoin d’Europe, tant en matière écologique, qu’économique ou sociale. L’Europe est une nécessité.
Mais une Europe ultralibérale avec ses traités internationaux de libre échange au profit des multinationales constitue une TRAHISON, un coup de POIGNARD à l’ambition de regroupement de nos nations.

A l’évidence les principes d’évasions fiscales, de dumping social et d’irresponsabilités environnementales sont constitutives de la politique libérale européenne depuis 30 ans.

Nos hauts fonctionnaires européens ne pouvaient ignorer les facilités d’enrichissement des grands groupes internationaux, issues du libre échange et de l’absence de contrôle des flux de capitaux ; de même que les optimisations fiscales avec certains pays étaient connues.
Alors de grâce, cessons de traiter de « nationalistes rétrogrades », ceux qui s’opposent à la perpétuation de ces injustices issues du libéralisme européen, créateur de ces inégalités et à l’origine de la révolte citoyenne des gilets jaunes. C’est une insulte au moindre raisonnement intellectuel.

a. Pour une Europe financée sur sa compétence économique.
L’Europe doit assumer les désordres économiques et sociaux qu’elle génère et cesser de contrôler la gestion des Etats, alors que ses propres ressources sont garanties par des contributions fixes de chaque pays.
- Dès lors, pourquoi ne pas demander à ce que l’Europe soit financée par un Impôt sur les Sociétés, commun à tous les pays ? La baisse de l’IS en France ne se justifie qu’au regard de la concurrence qui s’est créée au niveau européen. Cela éviterait les petits jeux de concurrence fiscale déloyale et pousserait l’Europe à mieux tenir compte de l’impératif économique et social.
Les traités européens imposent une concurrence libre et non faussée à l’échelle européenne et soutiennent la même idélogie au niveau mondial.
o Ainsi le projet de traité constitutionnel européen qui n’a fait que synthétiser les textes antérieurs qui restent toujours en vigueur, précise dans le Chapitre II – Article III-177 et suivants, que « les Etats membres de l’Union instaurent une politique économique conduite conformément au respect du principe d’une économie de marché ouverte où la concurrence est libre et non faussée».
o Cette disposition de libre concurrence est élargie au niveau international puisqu’il l’Article III-314 stipule que « l’Union Européenne contribue à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et aux investissements étrangers directs, ainsi qu’à la réduction des barrières douanières et autres ».

Parce qu’elle a abandonné « la préférence communautaire », l’Europe nous met en concurrence chacun contre tous, au niveau européen comme mondial, avec les moins disant sociaux et environnementaux, comme avec les pires régimes dictatoriaux et corrompus (exemple la Chine)

La « naïveté » et le libéralisme européens ont délibérément et sciemment permis aux plus riches d’exploiter la misère infinie du monde pour se faire de l’argent facile, au mépris total des considérations sociales et environnementales, avec de surcroit toute une architecture consciente et assumée d’évasion fiscale. Le « besoin d’Europe » pour lesquelles on nous bassine la tête pour contrer ses propres excès, est soigneusement fossilisé par la règle de l’unanimité en matière fiscale.
Il faut donc engager un rapport de force juridique avec l’Europe actuelle pour qu’elle change de logique économique.

b. Changer radicalement les orientations de l’Europe ou la quitter

- L’Europe doit protéger les citoyens et salariés européens par des barrières douanières et réglementaires pour l’importation des produits ne respectant pas un minimum de protection sociale et environnementale. La préférence communautaire doit être une réalité et les exigences demandées à nos industriels doivent être aussi exigées vis-à-vis des produits ou services importés. L’Europe doit être agile.
o Pourquoi ne pas instaurer une taxe douanière complémentaire dont le produit irait à 100% financer le développement économique et environnemental des pays les plus pauvres de la planète. Une taxe de 10% supplémentaire vis-à-vis des importations de la seule Chine rapporterait prés de 35 milliards par an, qui devraient intégralement financer le développement des pays les plus nécessiteux en matière écologique, énergétique et sociale. Cette taxe faciliterait aussi indirectement la réindustrialisation de nos vielles nations.
- A quoi sert d’avoir une Europe si elle ne défend ni des principes qu’elle promeut, ni ses peuples, et qu’elle ne propose rien par rapport aux autres grands blocs régionaux constitués ou aux grandes multinationales.
- L’Europe doit être redessinée au regard de la volonté d’intégration des nations qui la composent, et en cela l’Union européenne actuelle où prédomine la règle de l’unanimité, doit disparaitre. Il doit exister des cercles concentriques d’une Europe qui souhaite s’unir. L’Euro ne constitue pas la ligne de séparation des différentes Europes.
- L’Europe de l’énergie devrait être financée par une taxe sur les importations de gaz et pétrole.
- Enfin, l’Europe doit cesser d’œuvrer contre les nations et par exemple les pays européens doivent pouvoir déroger à une directive européenne au nom de l’intérêt national ou culturel, comme celle liée à l’étiquetage des produits ou des publicités et obliger à ce que les étiquettes et slogans des produits vendus en France, soient écrits en français.


c. Une finance européenne contrôlée par les Etats
- La banque centrale européenne et l’Euro doivent être contrôlés par les gouvernements européens ou ne pas être. Le prétendu besoin d’indépendance absolue est un pied de nez fait aux citoyens européens et l’argument de l’hyperinflation historique de l’Allemagne dans les années 20 doit être dépassé. Plus aucun allemand n’a connu cette période.
- Le développement économique et social doit être un objectif affiché de la BCE, aussi important que la stabilité des prix. Pour avoir mené une politique financière inverse de celle de Trichet, la politique de Draghi à la BCE prouve que l’institution n’est assurément pas menée par un raisonnement exclusivement économique et financier irréfutable.
- L’Euro doit passer d’un statut de monnaie unique à celui de monnaie commune.
La défense actuelle de l’Euro est d’abord la défense des plus fortunés qui peuvent déplacer leur patrimoine à l’international. L’Euro est un échec depuis 15 ans et constitue un nœud coulant à mort lente pour des pays du sud de l’Europe. La seule façon pour ces pays de retrouver ou compenser une certaine compétitivité économique, alors qu’ils ne peuvent plus dévaluer leur monnaie, est de diminuer les salaires. D’où la crise des gilets jaunes.
Constatons que 15 ans après son introduction en 1999, les résultats des économies de la zone €uro ne sont pas au niveau espéré.
o Ainsi le PIB des pays de la zone €uros ont progressé en moyenne de 20.6% entre 1999 et 2015, tandis que celui des pays européens restés à l’écart de la monnaie unique a connu une croissance moyenne de 48.7% sur la même période.
o Quant au taux de chômage dans les pays de la zone €uro, il était en moyenne de 9.6% en janvier 2017, contre 4.8% pour les pays hors zone €uro. Au total le chômage européen s’établissait en moyenne à 8%.
Comment expliquer que des pays comme le Danemark, la Suède, la Pologne ou encore la Suisse puissent mieux réussir économiquement et socialement, avec une indépendance monétaire, tandis que la France ou l’Italie coulent progressivement depuis 30 ans ? Comment justifier que l’industrie suisse représente 22% de son PIB national, contre 11% en France, alors que le SMIC suisse est à plus de 3200 €/mois. La protection douanière tout comme la valeur d’une monnaie participent de l’équilibre d’une économie et donc d’une population.
La monnaie et les barrières douanières extérieures que certains dénoncent abusivement comme du protectionnisme dépassé, sont 2 outils de régulation économique parmi d’autres, mais 2 outils majeurs.


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