Intégralité de la contribution intitulée "Le B-A-BA de l'éducation"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Organisation de l'état et des services publics le 9 février 2019 à Bois-Colombes .

Selon vous, l'Etat doit-il aujourd'hui transférer de nouvelles missions aux collectivités territoriales ?
Oui

Y a-t-il d'autres points sur l'organisation de l'Etat et des services publics sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Je souhaiterais mettre l'accent sur le système éducatif français, particulièrement dans le primaire et le secondaire. Je n'ai que 18 ans, mais je perçois déjà bien la différence entre la manière d'enseigner il y a 10 ans, et celle actuelle. Le problème réside dans le fait qu'un professeur ne puisse enseigner correctement en raison du désordre qui règne dans sa classe. Généralisons le problème. Aujourd'hui, si l'on demande à n'importe quel enseignant, au primaire ou collège en établissement public, de décrire sa situation de travail face aux élèves, tous se plaignent d'un manque de respect profond, d'un chahut incessant, et d'un niveau scolaire en déclin. Est-il normal de devoir faire cours face à des élèves qui sont totalement déchaînés ? Cela n'est, certes, peut-être pas nouveau. Mais c'est la première fois que les élèves osent défier les professeurs à tel point que le professeur ne tente même plus de rétablir l'ordre dans sa classe, puisque cela serait une perte de temps et un effort minime face au bazar collectif. La problème se trouve en fait à la source du système de l'Education Nationale français. La réalité, dans les écoles publiques, s'illustre par la situation suivante : un professeur face à une classe bavarde et turbulente, tente de faire cours. Il finit par craquer en demandant à un élève, particulièrement perturbateur, de lui donner son carnet. Ce dernier refuse, car se moque de son professeur qui cède à la colère (et avouant au passage sa faiblesse psychologique). Le professeur, s'il accepte de continuer de perdre du temps, envoie ainsi l'élève au proviseur qui est face à deux solutions : soit passer outre, ou bien passer au conseil de discipline si le fait est récurrent ou assez grave. Quelle que soit l'issue, la situation est la plus mauvaise possible. Car pour le proviseur, renvoyer cet élève en classe comme si de rien n'était, envoie le message à celui-ci que sa faute est mineure et insignifiante. De plus, il comprend qu'il est autorisé à continuer, et ses camarades n'y voient également aucune menace ; ils sont donc incités, eux aussi, à chahuter. C'est un effet boule de neige, car si le professeur s'aperçoit que l'élève est admis de nouveau en cours, pourquoi vouloir sanctionner l'élève ? Et quelle autorité a-t-il sur les élèves, si ces derniers savent qu'ils ne seront 90% du temps pas sanctionnés ? En revanche, si le proviseur opte pour la deuxième option, il fait le choix de sanctionner plus lourdement l'élève, ce qui lorsque cela se reproduit, peut conduire à un renvoi. Mais que signifie ce renvoi ? Ce n'est en fait qu'un transfert, le passage d'une patate chaude d'un établissement à l'autre. Cet élève sera envoyé dans une autre école, mais demeurera la plupart du temps aussi inadapté au système scolaire qu'il l'a été auparavant, et retombera probablement dans l'échec. Le problème se reproduit ainsi à l'infini. Ou du moins il se reproduit jusqu'aux 18 ans de l'élève, où il arrive à un âge important mais où n'est pas du tout prêt à affronter le monde adulte d'une façon autonome et responsable. C'est pourquoi je pense que la priorité absolue au primaire, au collège et même au lycée (lorsque le problème persiste au lycée), est de rétablir L’AUTORITÉ en classe, non seulement, pour les professeurs, pour les proviseurs, mais aussi pour les surveillants et l'ensemble du corps éducatif et de l'organisation de l'établissement scolaire en question. Il me semble normal que l'adulte dispose d'une autorité sur un élève pour exercer sereinement son métier, et pour pouvoir lui offrir les meilleures chances de réussite. Car sans cette autorité il est tout simplement impossible de faire cours dans des conditions normales et efficaces. Or, pour que cette autorité règne, il est nécessaire d'avoir de la crédibilité et il est donc fondamental que l'élève soit menacé par des SANCTIONS EFFICACES ET RÉELLES en cas de défaillances. Sans ces dernières, nul n'ignore que que l'autorité rime avec inefficacité et indifférence, voire une aveu désespéré de faiblesse des professeurs eux-mêmes. Je ne prétends pas apporter une solution aujourd'hui, car je ne l'ai pas trouvé : mais renvoyer un élève d'un établissement public pour le renvoyer à un autre n'est en aucun cas la bonne solution. Car cela nuit à tous : à l'établissement concerné, à l'ensemble de ses camarades, et surtout à l'élève en question, qui ne trouvera ni sa place, ni son bonheur. Est ce normal qu'éduquer signifie aujourd'hui se battre pour l'ordre en classe ?


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