Quelles sont toutes les choses qui pourraient être faites pour améliorer l'information des citoyens sur l'utilisation des impôts ?
Ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est de rendre au citoyen des services publics efficaces et efficients. Lorsque les services publics sont satisfaisants, on ne pleure pas ses impôts, et on n'a pas besoin de perdre du temps et de l'argent dans des efforts de communication inutiles. Pour retrouver des services publics efficaces et efficients, il ne faut surtout pas de réduction des moyens, mais plus d'ambition, plus de management, plus de créativité, d'esprit d'initiative et de contrôle dans les services publics.
Que faudrait-il faire pour rendre la fiscalité plus juste et plus efficace ?
L'impôt le plus juste, parce que progressif, c'est l'impôt sur le revenu. Il faut créer une nouvelle tranche d'imposition pour les plus hauts revenus, avec un taux d'imposition élevé, et faire en sorte que tous les revenus soient inclus dans l'assiette d'imposition, notamment tous les revenus du capital, qui n'est pas suffisamment taxé.
Quels sont selon vous les impôts qu'il faut baisser en priorité ?
Aucun. Au contraire, il faut davantage imposer certaines choses, notamment les revenus du capital. Par exemple, en mettant en place la taxation sur les transactions financières, qui, en plus de permettre de mieux taxer le capital, présenterait aussi l'avantage de limiter la spéculation.
Afin de financer les dépenses sociales, faut-il selon vous… [Autres]
Reculer l'âge de la retraite ou augmenter le temps de tavail n'apportera aucune source durable de financement des dépenses sociales, dans une économie où le chômage est si élevé. Cela ne fera que transférer la charge des dépenses sociales d'une poche à l'autre. Il faut d'abord partager le travail, pour réduire le chômage, supprimer les allègements de charges inutiles concédés aux employeurs (réduction Fillon, CICE, allègements de cotisations sur les heures supplémentaires,...) et en contrepartie, mieux protéger nos entreprises contre la concurrence déloyale, notamment en taxant mieux les importations.
S'il faut selon vous revoir les conditions d'attribution de certaines aides sociales, lesquelles doivent être concernées ?
Il faut que les parents démissionnaires dans l'éducation de leurs enfants, qui restent passifs face à l'absentéisme, à l'incivisme, à l'absence de travail de leurs rejetons, soient sanctionnés par des retenues sur les allocations familiales et les bourses d'études.
Quels sont les domaines prioritaires où notre protection sociale doit être renforcée ?
Les étudiants doivent pouvoir bénéficier d'une aide financière minimale, type RSA. Il est scandaleux de voir tant d'étudiants qui n'ont pas les moyens de se nourrir décemment, et tant d'autres obligés de travailler pour financer des études qu'ils finissent par ""planter"" justement parce qu'au lieu de s'y consacrer, ils ont dû travailler pour se nourrir. La formation de notre jeunesse, c'est un investissement pour l'avenir.
Pour quelle(s) politique(s) publique(s) ou pour quels domaines d'action publique, seriez-vous prêts à payer plus d'impôts ?
L'essentiel de mes impôts aujourd'hui sert à financer la masse salariale de l'état, des collectivités locales et des établissements publics, et c'est très bien. Heureusement que les organisations publiques sont là pour lutter contre le chômage, car là-dessus, il ne faut pas compter sur les entreprises privées ! Le souci, c'est que cette fonction publique est globalement inefficace, paralysée par une trop grande rigidité budgétaire (cloisonnement budget de fonctionnement / budget d'investissement par exemple), par une politique d'économie de bouts de chandelles qui fait que les fonctionnaires doivent travailler sans moyens, et par un management gravement déficient, qui tue tout esprit d'initiative et de service. Ce management exécrable, s'il est en partie lié à un problème de compétence et de formation, est surtout le résultat des jeux de pouvoir qui traversent la fonction publique, des influences du politique. Le problème c'est qu'avec la décentralisation et la déconcentration, nous voyons refleurir des baronnies non contrôlées, avec tout leur lot de clientélisme, de corruption, de copinage, de jeux d'influences, de stratégies d'enracinement... C'est ça qui, avec le lobbying sans limites des puissances économiques et financières, tue la démocratie ! L'histoire de l'éco-taxe et des bonnets rouges en est une illustration parfaite : l'intérêt général a été sacrifié a des intérêts économiques régionalistes (les routiers bretons) grâce à des ministres également élus locaux soucieux de ménager leurs chances de ré-élection. Le domaine d'action publique qui doit donc être renforcé en urgence, c'est le contrôle ! Contrôle de l'action publique et contrôle plus général du respect des règles juridiques et déontologiques, par toutes les organisations. Pour ce faire, on pourrait, entre autres, mettre en place un statut particulier et protégé de lanceur d'alerte propre à la fonction publique, renforcer la protection des lanceurs d'alerte dans le privé, revenir sur la loi protégeant le secret des affaires, qui est une atteinte grave à la démocratie, et redonner des moyens aux organismes de contrôle : chambre régionale des comptes, inspection du travail, etc... Il faut aussi réorienter le travail de la cour des comptes sur du contrôle juridique et déontologique, plutôt que de la laisser dériver vers du ""contrôle"" d'ordre principalement politique, fondé sur des bases idéologiques contestables. Qu'elle s'occupe enfin des malversations et trafics d'influence ordinaires plutôt que de s'attaquer aux acquis sociaux ou aux orientations stratégiques du mobilier national ! Son sujet ne doit pas être de trouver comment faire des économies, mais de veiller au bon fonctionnement des organisations publiques !
Y a-t-il d'autres points sur les impôts et les dépenses sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
L'action publique doit se soucier d'efficience, bien plus qu'elle ne le fait. Il faut, pour cela, commencer par remettre en cause les idéologies dominantes depuis 30 ans en la matière. D'abord, celle selon laquelle seul le privé est capable d'efficience. C'est faux ! La soi-disant efficience de l'entreprise privée repose avant tout sur l'externalisation des conséquences de ses décisions (externalités négatives) et sur le contournement systématique de toute situation de concurrence, au détriment du consommateur. C'est précisément lorsqu'elle se repose sur le privé pour assurer les services publics que l'action publique devient, bien souvent, inefficiente. Le principe du partenariat public-privé doit être remis en question et, lorsque de tels partenariats sont mis en place, ils doivent faire l'objet d'une évaluation bien plus rigoureuse. Ensuite, l'idéologie, dans le domaine de l'éducation (l'un des plus gros budgets de l'état), du 100% d'une classe d'âge au bac, qui est une ineptie, et qui est la principale cause de la détérioration de l'efficacité de notre système éducatif. Proposons aux jeunes qui rament dans le système éducatif d'autres voies pour se réaliser, plutôt que de les garder coûte que coûte à l'école en les enfermant dans l'échec ! Toujours dans le domaine éducatif, il faut revenir à des approches pédagogiques qui se soucient d'efficacité (pédagogie déductive), plutôt que de prôner des pédagogies inefficaces (démarche inductive, approche par la mise en situation, démarche OAC, ...) qui ne visent qu'à acheter la paix sociale dans les classes, tout en favorisant la reproduction sociale, de par leur élitisme. Enfin, il faut restaurer les principes sur lesquels reposent l'efficacité et l'efficience : l'autorité, la compétence, le civisme, l'exigence, le mérite, le dialogue social, la régulation par la loi, le contrôle citoyen. C'est peut-être là le plus important : si l'on ne restaure pas ces valeurs, qui sont des valeurs républicaines, c'est le pays qui, excédé des dérives de notre ploutocratie actuelle, finira par basculer vers l'extrême droite et tous les dangers qu'elle recèle.
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