Intégralité de la contribution intitulée "L'urgence écologique, une chance pour notre pays ?"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Transition écologique le 3 mars 2019 à Asnières-sur-Seine .

Quel est aujourd'hui pour vous le problème concret le plus important dans le domaine de l'environnement ? [Autres]
Ces problèmes ne sont que les manifestations d'une même cause : une course effrénée à la productivité.

Que faudrait-il faire selon vous pour apporter des réponses à ce problème ?
Cette course effrénée à la productivité a fait oublier à l'humain la nécessité de vivre en symbiose avec ce qu'il a de plus précieux, la nature sous sa forme végétale, minérale, animale. Il est urgent de prendre des mesures (même impopulaires) pour 1) rendre l'air plus respirable, particulièrement dans les (petites, moyennes, grandes) villes : avoir une politique de dissuasion vis à vis de l'utilisation de la voiture individuelle et, dans le même temps, développer des moyens de transport dignes de ce nom, qui ne soient pas saturés, perturbés et, finalement, dissuasifs. A la campagne, faire l'inverse de la politique conduite ces dernières années : maintenir les lignes (trains, surtout, ...) qui irriguaient la province et arrêter de les rendre impraticables ; maintenir des pôles administratifs et de santé de proximité pour éviter aux personnes d'avoir à faire des kms en voiture individuelle pour accéder à des services auxquels ils ont droit. Organiser le co-voiturage à l'échelle locale (mairies, communautés de communes ....) peut être une solution. 2) inciter fortement l'agriculture à changer de modèle ; ce sont les agriculteurs qui restent les plus proches de la nature, ce sont eux qui façonnent nos paysages et entretiennent nos campagnes si belles. Mais enfermés dans un modèle productiviste qui les a conduits à polluer les sols et les eaux par les produits phyto qu'on les a conduits à utiliser (merci aux grands groupes chimiques qui ont contaminé la filière agricole !), les agriculteurs ont été les premières victimes de cet empoisonnement de masse (bien encouragé par la PAC), suivis de près par les consommateurs et certaines espèces animales. Pourtant, ""nous voulons des coquelicots"" et un autre modèle d'agriculture est non seulement possible, mais souhaité par une part grandissante de la population. Il faut donc aider les agriculteurs à changer de mode d'exploitation, à produire peut-être moins, mais mieux, pour eux, pour nous et pour la planète. Et il faut le faire sans délai, sans repousser sans cesse les échéances d'interdiction des produits tenus aujourd'hui responsables de cette catastrophe écologique qui se profile. 3) ne pas oublier un objectif vital pour l’avenir du pays : sortir progressivement du nucléaire. La récente catastrophe de Fukushima a montré la folie qu’il y a à suivre cette voie mortifère et sans issue (voir le problème de recyclage posé par les déchets nucléaires). Au lieu de s’engager dans la voie d’une suppression par étape, on ne cesse de repousser l’échéance. Les Français qui vivent tous (sauf en Bretagne) à moins de 100 kms d’une centrale nucléaire en sont majoritairement conscients. C’est pure folie de continuer à écouter les lobbies de l’EDF et du nucléaire, organismes qui montrent de plus en plus leur incapacité à résoudre les défis techniques (traitement des déchets nucléaires, mise en service des réacteurs de nouvelle génération). En outre, l’entretien de ce parc de centrales vieillissantes va coûter de plus en plus cher, ce qui justifie amplement leur suppression et le recours aux énergies renouvelables.

Diriez-vous que votre vie quotidienne est aujourd'hui touchée par le changement climatique ?
Oui

Si oui, de quelle manière votre vie quotidienne est-elle touchée par le changement climatique ?
Au cours des dernières années, il est apparu clairement que les épisodes de canicule se sont multipliés (sans parler des phénomènes de crues soudaines, etc.) et que même en dehors de ces périodes extrêmes, il devient de plus en plus difficile de respirer, au moins dans les grandes métropoles.

À titre personnel, pensez-vous pouvoir contribuer à protéger l'environnement ?
Oui

Si oui, que faites-vous aujourd'hui pour protéger l'environnement et/ou que pourriez-vous faire ?
Comme citoyen responsable, chacun de nous peut facilement agir pour l'environnement (tri sélectif des déchets, choix dans ses modes de déplacement et d'achats, plus grande attention apportée afin de ne pas gaspiller l'eau...). Par exemple, nous avons fait le choix de privilégier une voiture hybride lorsque nous avons dû acheter un nouveau véhicule (sans avoir reçu la moindre incitation financière). Mais si un comportement de ""colibri"" est vertueux, il est loin d'être suffisant. Devant l'urgence des questions environnementales, il faut clairement passer à la vitesse supérieure, comme nous le rappelle les jeunes mobilisés dans plusieurs pays européens. L'Etat (au plan national) et les collectivités locales doivent s'engager dans une transition écologique à grande échelle. On ne voit actuellement aucune politique incitative à passer progressivement à une énergie renouvelable (sans doute grâce au poids des lobbies pro EDF et énergie nucléaire, et de tant d'autres) : manque d'information, manque d'aide financière, car les particuliers ne peuvent plus supporter seuls la totalité de ces investissements et aimeraient bien voir le montant de leurs impôts réellement réorienté vers la transition écologique. Il faudrait aussi développer les aides aux particuliers pour mieux isoler les logements anciens qui restent de vraies passoires thermiques. Il est grand temps que l’Etat débloque des financements pour engager cette transition qui ne se fera pas sans créer un rebond d’activité.

Qu'est-ce qui pourrait vous inciter à changer vos comportements comme par exemple mieux entretenir et régler votre chauffage, modifier votre manière de conduire ou renoncer à prendre votre véhicule pour de très petites distances ?
Encore une fois, le problème pour nous n'est pas de changer nos comportements, mais de financer les améliorations que nous pourrions apporter à notre logement pour le rendre moins gourmand en énergie.

Quelles seraient pour vous les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier pour vous inciter à changer vos comportements ?
Voir ci-dessus

Par rapport à votre mode de chauffage actuel, pensez-vous qu'il existe des solutions alternatives plus écologiques ?
Oui

Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à changer de mode de chauffage ?
Pour nous (chauffage au gaz), ce n'est pas le mode de chauffage qui pèche, mais l'isolation.

Avez-vous pour vos déplacements quotidiens la possibilité de recourir à des solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle comme les transports en commun, le covoiturage, l'auto-partage, le transport à la demande, le vélo, etc. ?
Oui

Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à utiliser ces solutions alternatives ?
En ville, il faudrait de toute urgence améliorer et multiplier les transports en commun : le Grand Paris ne résoudra pas tous les problèmes, les lignes actuellement existantes sont saturées et n'ont pas été suffisamment entretenues. Les transports en commun en Ile-de-France, s'ils ont le mérite d'exister, sont un calvaire pour des millions de Franciliens et font tout, sauf inciter à délaisser la voiture individuelle. En province, à la campagne, si certaines agglomérations proposent aujourd'hui des bus, parfois gratuits, il y a peu d'autres solutions que de prendre sa voiture pour relier les villes aux campagnes. Il y a deux solutions : soit créer des transports ville-campagne, soit créer des services (administratifs, de santé ...) qui se déplacent en campagne.

Et qui doit selon vous se charger de vous proposer ce type de solutions alternatives ?
Tout dépend de l'environnement. A la campagne, les mairies et les collectivités locales sont les mieux à même de voir où sont les besoins et quelles solutions proposer, en concertation avec les habitants. En ville, il faut une concertation étroite entre mairie et région : on pense à la situation parisienne où le STIF dépend, non pas de la Mairie, mais de la Région.... pour le plus grand inconfort des usagers des transports. Le Ministère a certainement son mot à dire, ... à condition qu'il y ait une réelle volonté politique de développement des transports publics et de réduction de l'utilisation des voitures individuelles.

Que pourrait faire la France pour faire partager ses choix en matière d'environnement au niveau européen et international ?
Montrer l'exemple, ouvrir la voie, comme elle l'a souvent fait, alors qu'aujourd'hui elle est bien souvent à la traîne.

Y a-t-il d'autres points sur la transition écologique sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
La transition écologique, sous tous ses aspects, est une nécessité vitale. Elle est plus qu'urgente. Il est inutile de faire des grand’ messes (COP 21) et autres opérations de communication jamais suivies d'effet concret si l'on ne prend pas très rapidement les mesures qui s'imposent. Ceux qui nous gouvernent portent une lourde responsabilité devant l'histoire et les générations futures s'ils se cantonnent à une politique des petits pas ou à un maintien du statu quo. Il faut sortir du nucléaire et s’engager dès aujourd’hui dans cette voie, en affectant des moyens financiers à ce changement. La crise écologique peut aussi être une chance pour notre pays, car mettre en oeuvre des solutions pour la résoudre et protéger la planète, sera source d'activité, comparable au bond en avant permis par la révolution industrielle du XIXe (qui, malheureusement, a eu aussi des effets dévastateurs sur notre environnement). Nos gouvernants sauront-ils se saisir de cette chance ou resteront-ils confinés dans leur schéma de pensée d'un autre temps ?


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