Intégralité de la contribution intitulée "Elargir l'engagement citoyen"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Démocratie et citoyenneté le 13 mars 2019 à Jacou .

En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
A nos représentants : élus parlementaires et municipaux

En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Oui

Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
Aux associations humanitaires, et, plus généralement à toutes les initiatives susceptibles de développer le sens des responsabilités et le lien social. En ce qui concerne les syndicats, qui sont un rouage indispensable de la vie démocratique,réfléchir à des formules qui les rendent plus attractifs, pour freiner l'érosion des adhérents.

Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
Les diverses institutions publient des bulletins d'information qui font la promotion des réalisations des équipes en place...mais ce type de communication ne suffit pas. Il faut se donner les instruments d'une ""démocratie participative"", en diffusant les éléments essentiels des dossiers engageant la vie de la cité - et en développant une réelle concertation avec les groupes de citoyens directement concernés. Exercice souvent très difficile, mais incontournable dans la société actuelle, et indispensable pour maintenir l'implication active des citoyens. Au niveau local, cela peut justifier des consultations formalisées sous forme de référendum ou de consultations ouvertes.

Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Une bonne chose

Pourquoi ?
Concernant les mandats nationaux, le non cumul avec des mandats locaux importants est souhaitable, mais il est aussi souhaitable qu'il se combine avec des mandats successifs, à des niveaux divers ( maire ou adjoint, conseiller départemental ou régional, président de communauté urbaine, etc..) qui donne à une fraction importante des élus nationaux l'expérience des problèmes de terrain. Voir, a contrario l'exemple des élus ""hors sol"" de l'ère macronienne.

Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
Une dose modérée de proportionnelle, comme dans les actuels conseils municipaux

Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Non

Si oui, lesquels ?
J'ai dit ""NON"", car pour animer la vie démocratique, et diffuser le sens des responsabilités, il est souhaitable que de nombreux citoyens aient, au cours de leur vie, l'occasion de participer à l'action publique, et de se confronter avec les problèmes de la gestion publique. Comme le disait Tocqueville, ""les institutions communales sont l'école primaire de la démocratie""

Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?
Cette participation est relativement faible, mais pas plus que dans les autres démocraties. Ce qui est préoccupant c'est sa dégradation progressive surtout chez les jeunes. Le développement d'actions de ""démocratie participative"" , de l'information et de la concertation sur les problèmes importants est de nature à remobiliser les citoyens.

Faut-il prendre en compte le vote blanc ?
Oui

Si oui, de quelle manière ?
Le vote blanc correspond à une démarche citoyenne, à la différence de l'abstention. Il faut l'inclure dans les ""suffrages exprimés, ce qui relativise la ""performance"" des élus. En matière de référendum, le vote blanc aurait un impact direct, si les mesures proposées n'étaient validés qu'à condition d'obtenir 50% des suffrages exprimés.

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?
Par la diffusion de dossiers d'information, la tenue de débats publics...éventuellement des consultations citoyennes. Au niveau local, par des réunions de quartier , des comptes rendus réguliers en cours de mandat, notamment, sur les choix budgétaires et urbanistiques. Exercices très difficiles, mais qui vont devenir incontournables.

Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Oui

Si oui, comment ?
Mais à condition de le limiter à des questions simples...Au niveau national, les décisions sont souvent très complexes et nécessitent , de la part des décideurs, du temps, du recul, et de l'expérience. Même limitée dans le temps, la fonction politique est un métier.

Que faudrait-il faire pour consulter plus directement les citoyens sur l'utilisation de l'argent public, par l'Etat et les collectivités ?
Au niveau national, diffuser des informations synthétiques, comme c'est le cas dans les notes qui accompagnent l'actuel débat... encore faut-il que ces messages soient consultés. La masse d'âneries proférées au cours des mouvements récents laisse perplexe. Ne pas oublier le relai des ""corps intermédiaires"" pour diffuser l'information. Au niveau local, multiplier les réunions d'information et de concertation.

Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
Du fait de son mode de désignation, le Sénat ""Grand Conseil des Communes de France"" représente les territoires. A un moindre degré, l'Assemblée Nationale joue aussi ce rôle, tant que les députés sont élus au scrutin uninominal, sur des circonscriptions territoriales déterminées. Le Conseil Economique , Social et Environnemental contribue à la représentation de la société civile, on pourrait, peut être élargir son rôle en augmentant encore la représentation des syndicats et des associations.

Faut-il transformer [nos assemblées, dont le Sénat et le CESE] ?
Non

Si oui, comment ?
J'étais, jusqu'à cette année, partisan de la suppression du Sénat, assemblée de notables, au recrutement filtré par les états-majors des partis. Mais l'actualité récente nous a montré qu'il constitue un contre-pouvoir salutaire, face au risque d'émergence d'Assemblées Nationales ""Introuvables"" ...éventualité de plus en plus envisageable depuis la désastreuse réforme constitutionnelle Jospin-Chirac.

Que proposez-vous pour renforcer les principes de la laïcité dans le rapport entre l'Etat et les religions de notre pays ?
Dans une société de plus en plus fractionnée entre des références religieuses ou métaphysiques diverses, et néanmoins légitimes face à l'inconnu de l'espace et du temps, la laïcité doit rester l'instrument d'une coexistence respectueuse et paisible. C'est cet aspect pacificateur qu'il faut maintenir et renforcer. Il faut donc proposer une laïcité OUVERTE, qui, en dehors des Services Publics, tolère les manifestations discrètes d'une référence religieuse ou philosophique, tant que celle-ci n'est pas affichée de façon ostentatoire et ne comporte pas une atteinte directe ou indirecte (cf. Burka) aux libertés publiques ou un trouble à l'ordre public

Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
Voir ci-dessus

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?
Développer, dès l'école, des actions de solidarité et la mémoire des périodes sombres de l'histoire humaine (esclavage, discriminations coloniales, génocides..). Promouvoir dès l'école, la vie démocratique ( délégués de classes, Conseils municipaux de jeunes..)

Quels sont les comportements civiques qu'il faut promouvoir dans notre vie quotidienne ou collective ?
Respect et souci des autres, solidarité.

Que faudrait-il faire pour favoriser le développement de ces comportements civiques et par quels engagements concrets chacun peut-il y participer ?
Témoigner par notre comportement, et avoir le courage d'intervenir pour s'opposer à des attitudes agressives ou inciviques.

Que faudrait-il faire pour valoriser l'engagement citoyen dans les parcours de vie, dans les relations avec l'administration et les pouvoirs publics ?
???

Quelles sont les incivilités les plus pénibles dans la vie quotidienne et que faudrait-il faire pour lutter contre ces incivilités ?
Les agressions verbales ou physiques, les atteintes à l'environnement.

Que peuvent et doivent faire les pouvoirs publics pour répondre aux incivilités ?
Réponse ""politiquement incorrecte"": surveiller, interpeler, et sanctionner

Quel pourrait être le rôle de chacun pour faire reculer les incivilités dans la société ?
J'ai déjà répondu plus haut

Quelles sont les discriminations les plus répandues dont vous êtes témoin ou victime ?
Peu d'exemples - je vis dans un environnement privilégié.

Que faudrait-il faire pour lutter contre ces discriminations et construire une société plus solidaire et plus tolérante ?
??? Développer les associations qui sont des écoles du ""vivre ensemble""

Pensez-vous qu'il faille instaurer des contreparties aux différentes allocations de solidarité ?
Non

Si oui, lesquelles ?
En fait, il faut nuancer...Il est difficile d'imposer des contreparties obligatoires, mais on peut envisager des suggestions ou des incitations à divers engagements, qui peuvent permettre aux intéressés de surmonter une partie de leurs handicaps et d'éviter une accentuation de leur marginalisation. Noter que la Suède, modèle de la social-démocratie propose ou impose ce type de contreparties.

Que pensez-vous de la situation de l'immigration en France aujourd'hui et de la politique migratoire ? Quelles sont, selon vous, les critères à mettre en place pour définir la politique migratoire ?
L'immigration pose aujourd'hui plus de problèmes que par le passé, d'abord parce que, dans sa majorité, elle ne répond plus à un besoin national ( elle n'est plus ""appelée"") , ensuite, parce qu'elle paraît mettre en cause le mode de vie de certains territoires et l'identité des populations ""autochtones"". L'idéal d'assimilation, longtemps partagé par les nationaux et les nouveaux arrivants n'est plus évident. Parmi les critères, il faut prendre en comptes, dans un pays marqué par un niveau de chômage difficilement compressible depuis plus de 40 ans, et dans une société fracturée comme jamais, les difficultés de l'intégration économique et culturelle.

En matière d'immigration, une fois nos obligations d'asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?
Je crains que la question se pose

Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?
Aider massivement le développement des pays d'origine des principaux flux migratoires...et particulièrement celui de nos anciennes colonies envers lesquelles nous avons des liens et des devoirs particuliers...n'en déplaise aux détracteurs de la ""Françafrique"". Aider à la formation des techniciens et des élites de ces pays et, en particulier, renoncer, pour les étudiants des pays francophones, à la majoration des droits d'inscription dans les écoles et Universités françaises, mesure idiote et inique.

Quelles sont, selon vous, les modalités d'intégration les plus efficaces et les plus justes à mettre en place aujourd'hui dans la société ?
Développer le soutien scolaire, l'intégration par la vie associative...et la mixité résidentielle. Mieux vaut la gentrification que la ghettoïsation.

Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Dans nos grandes nations et nos sociétés complexes, la démocratie représentative reste le mode de gouvernance le plus respectueux de l'efficacité sociale et des droits humains. Mais les mandats électifs doivent être limités dans le temps, à la fois pour éviter la constitution de réseaux claniques et pour que le plus grand nombre de citoyens puisse s'investir dans la vie publique. Surtout, les élus doivent admettre que l'élection, à elle seule, ne fonde pas leur légitimité, et qu'ils doivent constamment écouter, expliquer et concerter. Cette contrainte s'impose, au même titre, au niveau national et au niveau local. Si nous voulons avoir une société apaisée et solidaire, nous devons inventer une vraie ""démocratie participative"" qui ne se limite pas à des hochets (cf. ""Budgets participatifs"") utiles pour impulser la dynamique mais insuffisants pour répondre aux attentes des citoyens d'aujourd'hui. Il faut informer et entretenir un débat citoyen sur les choix stratégiques. Au niveau national ce débat peut être animé par les corps intermédiaires ( notamment les syndicats qui doivent savoir prendre un rôle de partenaires et non d'opposants systématiques au système et aux changements). Au niveau local, il peut être animé par divers collectifs de citoyens. A condition de les concevoir de façon claire et accessibles, les consultations ""en ligne"" peuvent, plus que les ""Référendums d'Initiative Populaire"" constituer un instrument utile de démocratie participative....Mais l'actuel ""Grand Débat"" d'accès aléatoire et compliqué constitue, malheureusement un contre-exemple.


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