Intégralité de la contribution intitulée "Réorganiser profondément le système parlementaire"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Démocratie et citoyenneté le 26 février 2019 à Nice .

En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
L'ancrage local est une notion indispensable pour l'élu qui me représente. La France est un pays pourvu d'une grande richesse et d'une grande diversité de territoires. Le maire est la personne la plus à même de me représenter. Les députés dans la forme actuelle du système parlementaire ne sont pas le reflet de la position politique de leur électorat.

En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Oui

Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
Les ordres de avocats, des médecins etc. Ils sont en contact direct avec une frange sensible de la population et sont donc à même de faire remonter des éléments qui n'auraient pas forcément été identifiés autrement. Une place de consultant à l'AN / Sénat par ordre serait judicieuse.

Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
Il serait judicieux dans un premier temps de redonner une image de professionnalisme aux élus. Les deux reproches qui leur sont adressés sont un mauvais ancrage local et un absentéisme à l'assemblée. La solution serait de réduire le nombre de créer un système de binôme de députés. Un député aurait pour mission exclusive de faire son office à l'AN alors que le second devra être présent sur le territoire de l'électorat. La communication entre les deux assurerait une bonne cohésion entre le citoyen et son représentant. Cela implique de réduire le nombre global de députés quitte à leur donner plus de voix pour garantir la représentativité. En ce qui concerne les sénateurs, leur utilité auprès du grand public est largement méconnue. Un système idoine redonnerait une nouvelle dynamique à cette chambre pourtant indispensable.

Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Une bonne chose

Pourquoi ?
Comme évoqué plus haut, il est reproché au député de ne pas être présent partout. Augmenter son nombre de mandats induira forcément plus d'absences dans ses deux fonctions.

Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
Le système politique actuel est un système de partis. Ces partis cristallisent chez le citoyen une méfiance. Il faudrait valoriser les hommes plutôt que les organisations. L'étiquette du candidat importe en réalité peu et tend plus à troubler l'électeur qu'autre chose.

Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Non

Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?
La question est mal posée, ou alors il faudrait une première question: ""Pourquoi les citoyens ne participent pas?"". L'absence de participation est liée au rejet du fonctionnement représentatif actuel. SI le citoyen ne se sent pas représenté par son élu, pourquoi voterait il? Si le citoyen ne se reconnait dans les idées d'aucun des candidats, pourquoi devrait-il voter par défaut? L'incitation au vote n'a pas lieu d'être puisque l'abstention est le phénomène de gens qui sont déçus par la politique, pas de ceux qui s'en désintéressent.

Faut-il prendre en compte le vote blanc ?
Oui

Si oui, de quelle manière ?
Un pourcentage comme pour tout les autres candidats. Dans le cas ou il est majoritaire au premier tour, les deux candidats suivants passent. S'il est majoritaire au second tour, il faut réorganiser l'élection en changeant les candidats. Le système actuel des signatures devra alors disparaître pour laisser place à la pluralité des candidats.

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?
Au moyen d'un identifiant numérique personnel, recueillir les avis de la population permettrait de mieux comprendre les attentes des personnes. Cet identifiant ( basé sur le numéro de carte d'identité par exemple ) serait lié au profil personnel de l'individu désireux de s'exprimer. Cela permettra d'identifier les besoins de chaque catégories socio-économique, et donc de comprendre la position globale des citoyens sur une orientation politique à choisir.

Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Non

Que faudrait-il faire pour consulter plus directement les citoyens sur l'utilisation de l'argent public, par l'Etat et les collectivités ?
La solution du député ancré localement est une piste. LA tenue régulière de sondages étatiques via internet en est une autre.

Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
Le rôle actuel est sensiblement bon. Le sénat assure un juste contre pouvoir de l'AN du fait de sa période de renouvellement. La tenue auprès de ces organes de commissions régulières à l'écoute des représentants des grandes catégories socio-professionnelles permettra de mieux déterminer la position de certains domaines majeurs de la société. La représentativité n'est plus géographique mais sociale.

Faut-il transformer [nos assemblées, dont le Sénat et le CESE] ?
Non

Que proposez-vous pour renforcer les principes de la laïcité dans le rapport entre l'Etat et les religions de notre pays ?
Il faudrait que l'Etat se détache complètement de cette question de la religion, de leur égalité au sein de notre société. Au lieu d'une laïcité telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui, l'Etat devrait s'attacher à l'exclure de ses considérations et donc de tout ce qui est public. La croyance est une chose très personnelle, qui peut être partagée mais ne devrait pas être imposée. L'exclusion des signes distinctifs dans les milieux scolaires n'est ainsi pas une mauvaise chose. Ce n'est pas le cas du financement égal des lieux de cultes. L'état ne devrait financer en rien les religions.

Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
Renforcer l'éducation fournie aux enfants pour commencer. Lorsque j'étais en études dans le secondaire il n'était pas rare que le professeur d'éducation civique décide de faire un cours d'histoire ou de géographie ( matières qu'il nous enseignait par ailleurs ) pour rattraper son retard. Cette matière doit bénéficier d'un véritable enseignement et ce jusqu'à la fin du lycée. Par ailleurs, il est important de mettre en avant intelligemment les symboles de la République. Cela ne passe pas par imposer le drapeau français dans les classes. En revanche, organiser des visites pour les jeunes écoliers des lieux publics, comme des tribunaux, des mairies ou de l'assemblée nationale, permettra aux élèves de mieux se représenter l'apport de l'Etat, et donc d'accepter les valeurs de la République.

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?
L'engagement citoyen est faible parce que le citoyen n'a pas le temps ou les moyens de s'engager. L'emploi, le pouvoir d'achat plutôt bas, la gestion de la famille sont autant de facteurs d'inquiétude qui détourne le citoyen d'un engagement civique. De même, la vision selon laquelle la gestion de l'Etat est dédiée à empêcher sa chute et non à améliorer sa grandeur n'est pas encourageant pour le citoyen.

Quels sont les comportements civiques qu'il faut promouvoir dans notre vie quotidienne ou collective ?
De manière générale, il faut mettre en avant toutes les professions qui assurent un service indispensable à la société. Cela va des personnels de justice, aux personnels de santé sans oublier les bénévoles d'associations à but civique. Mettre en avant le dévouement aux autres et ce que cela rapporte à celui qui se dévoue est une piste à explorer.

Que faudrait-il faire pour favoriser le développement de ces comportements civiques et par quels engagements concrets chacun peut-il y participer ?
L'adhésion à des associations, l'échange entre les citoyens. De manière générale, le climat pesant d'insécurité et de manque de libertés a poussé les gens à se refermer sur eux-mêmes en un comportement d'auto préservation. Il faut encourager les activités de groupe, pousser les citoyens les uns vers les autres. C'est à la portée de chacun de dire bonjour, d'aider la personne en difficulté. La seule chose à faire pour l'Etat est d'amener à une prise de conscience.

Que faudrait-il faire pour valoriser l'engagement citoyen dans les parcours de vie, dans les relations avec l'administration et les pouvoirs publics ?
Une compensation fiscale pourrait être intéressante, même si elle devra rester symbolique dans son montant pour ne pas être une raison exclusive d'aider. Des récompenses civiques ( médailles ou autre ) à la symbolique forte pourraient également être utiles.

Quelles sont les incivilités les plus pénibles dans la vie quotidienne et que faudrait-il faire pour lutter contre ces incivilités ?
Il n'y a pas d'incivilité devant être spécifiquement combattue en dehors de celle sur la prorprté du domaine public. Il s'agit de la seule contre laquelle une action de l'Etat est utile.

Que peuvent et doivent faire les pouvoirs publics pour répondre aux incivilités ?
La sanction notamment financière est une bonne solution.

Quel pourrait être le rôle de chacun pour faire reculer les incivilités dans la société ?
Le rôle de chacun se limite simplement au respect d'autrui. Pourtant, il n'est pas acquis et ne semble possible de le faire acquérir que par la sanction.

Que faudrait-il faire pour lutter contre ces discriminations et construire une société plus solidaire et plus tolérante ?
A trop vouloir créer une société tolérante, on en arrive à forcer les gens à tout accepter en dépit de leur idéologie. Pour que la société soit plus tolérante, il faut que chacun se remette en question et accepte sa différence. La susceptibilité et l'égo sont le point faible de cette tolérance. Plutôt que de forcer l'autre à aimer ce que je suis, il est tout aussi sage de ne pas tenir compte de son avis. Cela n'empêche pas la solidarité.

Pensez-vous qu'il faille instaurer des contreparties aux différentes allocations de solidarité ?
Oui

Si oui, lesquelles ?
Le concept même d'allocation de solidarité n'aurait pas lieu d'être si le système était égalitaire plutôt qu'en équité. LA refonte en une allocation donnée à tous tout au long de la vie indépendamment de la situation personnelle règlerait la question.

Que pensez-vous de la situation de l'immigration en France aujourd'hui et de la politique migratoire ? Quelles sont, selon vous, les critères à mettre en place pour définir la politique migratoire ?
La situation de l'immigration est moins problématique que celle de l'intégration. La France est construite de telle sorte qu'elle attire les flux migratoires. Les systèmes de santé, les systèmes sociaux sont par trop attractifs. La CMU par exemple devrait être réservée au citoyen. Les critères à mettre en place sont ceux d'une immigration choisie. Un système comparable à celui de la Green Card aux USA est une piste à envisager en matière de titre de séjour. LA politique de rassemblement familial de même n'a pas nécessairement lieu d'exister.

En matière d'immigration, une fois nos obligations d'asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?
Cela peut être une bonne chose.

Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?
La solution ne doit pas venir du pays d'accueil mais de celui de départ. Une amélioration des conditions de vie dans ces pays diminuera amplement le désire des locaux de le quitter.

Quelles sont, selon vous, les modalités d'intégration les plus efficaces et les plus justes à mettre en place aujourd'hui dans la société ?
Une intégration par le temps et les valeurs. L'acquisition de la nationalité ne doit se faire qu'à l'issue du délai de 10 ans de vie paisible sur le territoire. Cela exclut toute personne ayant commis des délits ou des crimes ( avec bien sur maintien d'une possibilité de recours ). Les liens civiques comme le mariage ne doivent pas mener à l'acquisition de la nationalité.


Lire une autre au hasard
Retour aux Thèmes