En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
En moi-même. Pourquoi demander aux autres de transmettre une information que je peux donner de manière directe comme je le fais actuellement ? Tout message confié à un représentant élu sera de toutes manières déformé ou non pris en compte, que ce soit volontairement ou non, et pour des raisons tout à fait logiques, propres aux partis politiques : les maires, députés ou présidents portent généralement les espoirs de ceux qui ont voté pour eux, mais ils sont obligés de lisser leurs décisions pour pouvoir répondre aux demandes du plus grand nombre. Par le biais de ce débat au moins, nul doute que mon opinion sera communiquée au gouvernement. Ou du moins, je l'espère.
En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Oui
Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
Plus qu'un simple « oui », seul choix malheureusement laissé précédemment, je dirais plutôt « absolument ». Les responsables politiques sont parfois dépassés : très bons administrateurs, leurs compétences sont forcément limitées dans quelques domaines. Personne ne peut être pointu à la fois sur la protection des rouge-gorges, sur la question de la sécurité informatique dans les lieux à haut-risque et en même temps sur les conditions salariales d'un employé dans une usine automobile. Généralement, les élus font donc appel à des experts, mais ceux-ci, pour une raison ou pour une autre, produisent des avis orientés. Il en va différemment des associations et des syndicats : ceux-ci sont en permanence sur le terrain et sont composés de citoyens motivés et intéressés par un sujet en particulier. Ces deux types d'organisation sont donc une vraie mine d'or, malheureusement délaissée : spécialisées chacune dans leur domaine, il faudrait non seulement leur donner plus de moyens, mais également les écouter davantage dans les échelons supérieurs de la société. Les considérations politiques mises à part, ces associations sont vectrices de lien social. A une époque où la France est minée par ses divisions, il faut plus que jamais compter sur elles : que ce soit un club sportif, une association de joueurs de belote, une organisation d'aide aux personnes en difficultés, ou bien tout simplement un syndicat de travailleurs, ce sont les seules capables de rassembler tous les Français en misant sur leurs points communs, bien au-delà de leurs différences. Autrement dit, et pour résumer, la politique actuelle vis-à-vis des associations et des syndicats n'est pas la bonne. Plutôt que les restreindre, il faut les encourager toujours plus, et les inclure désormais dans la vie politique, d'une manière qui sera présentée un peu plus tard.
Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
La réponse simple serait de dire qu'il s'agit là d'un combat perdu d'avance. Mais dans la réalité, il faudrait seulement mettre en relation plus facilement et fréquemment les élus et les citoyens. Les maires ne sont-ils pas à l'heure actuelle les représentants politiques les plus appréciés ? Pourquoi ? Tout simplement parce qu'ils sont relativement proches de ceux qu'ils administrent. Évidemment, cela semble impossible pour le président de la République, mais en réalité la solution existe déjà, comme en témoigne ce Grand Débat : Internet. Le général de Gaulle usait de la télévision pour parler aux Français : de nos jours, le moyen le plus simple pour discuter avec nos représentants est le Web. Twitter, Facebook, direz-vous ? Non, car ces deux modes d'expression sont des simplificateurs de pensée, ils incitent aux petites phrases plus néfastes qu'autre chose, comme le fait actuellement un certain président américain. Quoi d'autre alors ? Des forums de débat instaurés par l’État français, auxquels participeraient tous les citoyens et leurs élus, qui pourraient ainsi se côtoyer quotidiennement. La méthode de la Grèce antique, appliquée de nos jours avec des moyens beaucoup plus modernes. Autrement dit, la Webocratie.
Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Une bonne chose
Pourquoi ?
Forcé de répondre « une bonne chose », il serait en réalité préférable de nuancer ce propos. D'une part c'est effectivement « une bonne chose », parce que cela permet aux élus de se focaliser sur une seule fonction politique et donc de la mener à bien. Pour autant, comme le soulignent de nombreux concitoyens dans leur réponse à ce Grand Débat, les députés et sénateurs y perdent leur proximité avec le terrain, ce qui est un réel danger en politique. Deux solutions existent alors : soit le non-cumul des mandats se poursuit, auquel cas certaines règles doivent être précisées, comme l'obligation d'assister aux débats parlementaires quoiqu'il arrive (une assemblée vide est toujours une mauvaise chose), soit la France devient le premier régime webocratique au Monde, auquel cas les élus, tout en conservant leur seul mandat, peuvent désormais garder contact avec les Français par le biais d'Internet. Nul doute que la deuxième proposition est la meilleure.
Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
Pourquoi vouloir représenter obligatoirement des sensibilités politiques ? Pourquoi pas uniquement des opinions ? Les partis politiques réduisent et synthétisent les idées d'une majorité de leurs sympathisants. Or, si la France veut avancer, si elle souhaite sortir de l'impasse dans laquelle elle se trouve, il n'y a pas d'autre solution que d'écouter et de respecter l'ensemble des avis existants. Pour donner un exemple simple, il n'est pas impossible qu'une personne puisse être défavorable à l'immigration, ait une conscience écologique, et se sente dans le même temps concernée par des sujets sociaux bien précis. Auquel cas, à quelle mouvance politique va t-elle adhérer ? A celle qui va défendre le maximum de ses idées. Mais en échange, elle devra faire une croix sur certains de ses thèmes de prédilection. Si cette situation là était acceptable il y a 100 ans, elle ne l'est plus aujourd'hui, à une époque où la technologie peut se mettre au service du bien commun, d'où la réponse suivante : il ne faut plus de partis politiques, uniquement des débats sur des idées précises qui aboutiraient à des prises de décision satisfaisant le plus grand nombre.
Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Non
Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?
Évidemment, le taux de participation aux élections, quelles qu'elles soient, est inquiétant, car cela montre un réel désintérêt de nos concitoyens vis-à-vis de la politique. Pour les inciter à intervenir davantage, il faudrait commencer par les impliquer et par sortir de la politique politicienne qui est le fléau des temps modernes. Laissons aux Français la possibilité de participer plus activement, de débattre, voire de voter depuis chez eux : pour cela il n'y a rien de mieux qu'Internet, comme nous allons l'expliquer ci-dessous.
Faut-il prendre en compte le vote blanc ?
Oui
Si oui, de quelle manière ?
Le vote blanc est très révélateur du problème des partis politiques évoqué plus haut : un citoyen vote pour un parti, mais cela ne signifie pas qu'il adhère à l'ensemble de ses idées. Certains choisissent donc de se déplacer pour signaler que les différents programmes proposés ne leurs conviennent pas totalement. Atteindre un certain taux de votes blancs, 40% des suffrages exprimés par exemple, devrait donc entraîner l'annulation d'une élection et forcer les partis à repenser leur projet. Même si l'idéal serait évidemment la disparition de ces partis monolithiques au profit d'une réflexion plus poussée avec l'ensemble des citoyens sur chaque sujet. Ces remarques valent également pour l'abstention qui montre un rejet du système, et qui devrait être prise en compte d'une manière quasi-identique au vote blanc.
Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?
Voilà bien la question la plus importante de ce Grand Débat, et il est regrettable qu'elle soit si peu mise en avant. Comme dit précédemment, la démocratie d'aujourd'hui souffre, et les événements actuels ne sont qu'une preuve supplémentaire de ce malaise grandissant qu'il faut essayer de résorber. Jusqu'à présent, personne n'a réussi à trouver de solution. Loin de moi l'idée d'affirmer que celle proposée ici est la meilleure, mais en tout cas il s'agit d'une piste de réflexion. Une piste qui a déjà été explorée à de nombreuses reprises, mais qui n'a jamais vraiment abouti. Et pour cause, la Webocratie redéfinirait la totalité du système politique actuel, et nul doute qu'il faudrait du courage et une volonté de fer pour atteindre finalement le but ultime que s'étaient fixés les Grecs à l'époque des cités : la démocratie directe. Concrètement, comment cela fonctionnerait-il ? Par manque de temps, d'espace (dommage qu'on ne puisse pas sauter de lignes...), et tout simplement pour ne pas décourager d'éventuels lecteurs, les propos contenus normalement sur une centaine de pages vont être ici simplifiés au maximum, et les nombreux détails, qui sont pourtant fondamentaux, seront épargnés. Au commencement de la Webocratie serait donc le Maelström, un site internet dont l’État serait propriétaire et gestionnaire, et qui serait un gigantesque forum, c'est-à-dire un lieu de discussion et de débat entre tous les citoyens français, qui s'inscriraient pour pouvoir discuter dans le plus grand calme de toutes les questions concernant la vie du pays. Contrairement au Grand Débat organisé aujourd'hui, il n'y aurait donc pas d'aiguillage précis, mais divers sous-forums consacrés à des sujets aussi variés que les entreprises, l'énergie, l'environnement, la politique extérieure, les institutions, le logement, la solidarité, etc. Sur chacun d'entre eux, tout le monde serait libre de proposer un sujet et d'en débattre avec d'autres personnes. Tous ces messages seraient consultés, non pas par quelques individus, mais par plusieurs milliers de modérateurs qui seraient chargés de faire un compte-rendu de ces discussions, respectant au maximum non pas l'avis de la majorité, mais celui du plus grand nombre : il s'agirait donc d'un système de quasi-consensus. Évidemment, toutes les personnalités politiques, maires, députés, sénateurs, ministres, président, auraient obligation de consulter régulièrement ces forums, parfois en tant que modérateurs, et de débattre avec les citoyens. A noter d'ailleurs que les villes, tout comme les associations, pourraient avoir leur propre forum, ce qui rapprocherait encore plus les élus locaux et leurs administrés. Pour tenter d'être un peu plus clair, donnons un petit exemple, très simple : imaginons qu'un sujet sur la transition énergétique soit mis en ligne par le citoyen A, en expliquant qu'il souhaiterait que l'ensemble des centrales nucléaires soient démantelées. Le citoyen B arrive, démontrant que cela ne peut pas se faire du jour au lendemain, et que le nucléaire reste encore une énergie pour le moment acceptable, à défaut d'autres sources correctes. Un citoyen C approuve, précisant qu'il faudrait investir massivement dans la recherche éolienne et solaire. Des milliers d'autres personnes apportent alors leur point de vue sur la situation, amenant parfois des pistes de recherche différentes. Que fait le modérateur à la fin de ce débat ? C'est simple : il compile toutes les opinions et en fait une proposition qui ne néglige aucune piste. Autrement dit, il en conclut que le nucléaire disparaîtra au bout de quelques années, mais qu'il restera le temps que des recherches soient faites dans les domaines solaires et éoliens. Un quasi-consensus, donc. Toutefois le Maelström ne s'arrêterait pas là : bien conscient des limites humaines, et de l'impossibilité pour chacun d'être pointu dans absolument tous les domaines, il apporterait des pistes de réflexion sur plusieurs sujets sous forme de textes, de vidéos ou autres, en apportant autant d'arguments que de contre-arguments, afin de laisser aux Français la liberté de se faire leur propre opinion. Car le citoyen éclairé est la pierre angulaire de la fondation du système webocratique. Cela permettrait d'avoir finalement des propositions réfléchies, qui pourraient faire plus tard office de lois, suite à un processus expliqué quelques questions plus bas : et c'est bien là le dernier rôle fondamental du Maelström, faisant de lui un site incontournable pour chaque citoyen désireux de participer à l'organisation de son pays. Démocratie directe parfaite, dialogue permanent entre les citoyens et leurs représentants, liberté d'expression et éducation à la politique, rénovation d'un État démodé : voilà résumés en quelques mots les conséquences du passage à la Webocratie, résolvant ainsi, si bien sûr cette transformation est bien faite et non pas récupérée à des fins purement démagogiques, l'essentiel des problèmes actuels de la République française.
Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Oui
Si oui, comment ?
Fondamentalement, et pour revenir sur l'idée exposée ci-dessus, le Référendum d'Initiative Partagée ne serait finalement qu'une composante à court terme de la Webocratie. Une manière de faire une transition entre le système actuel, où citoyen et élus sont clairement séparés, et la Webocratie dominée par le Maelström, mélangeant citoyens et élus, et où chaque sujet en discussion pourrait à terme devenir une nouvelle loi.
Que faudrait-il faire pour consulter plus directement les citoyens sur l'utilisation de l'argent public, par l'Etat et les collectivités ?
Une fois de plus, et comme à chaque question posée dans ce débat, le Maelström serait la réponse ultime : par le biais de sa partie dédiée à l'information, ce site, qui deviendrait incontournable pour chaque citoyen un minimum intéressé par l'avenir de son pays, rendrait compte obligatoirement de l'usage de l'argent public, et les citoyens pourraient ensuite en discuter par l'intermédiaire des forums. Difficile en tout cas de trouver une solution plus efficace que celle-ci.
Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
Le Sénat, tout comme le Conseil économique, social et environnemental, sont des assemblées qui ont fait leur temps. La question de leur rôle dans la démocratie actuelle ne devrait donc même pas se poser : elles devraient céder leur place à d'autres institutions plus à même de coller à un système webocratique.
Faut-il transformer [nos assemblées, dont le Sénat et le CESE] ?
Oui
Si oui, comment ?
Les transformer, le mot est faible, en réalité. Désuètes, d'un autre temps, ces institutions devraient, comme indiqué précédemment, être supprimées. Pour autant, cela ne signifie en aucun cas que la France doit devenir un régime politique unicaméral. Mais à une époque où les citoyens ont plus que jamais besoin de se représenter par eux-mêmes, il paraît important de dire qu'une Chambre basée sur un vote au suffrage universel indirect ne devrait plus exister : voilà pourquoi le Sénat devrait être remplacé par le Maelström lui-même. Comme indiqué précédemment, de base, le Maelström est un site internet de discussion et de débat entre les citoyens. Mais il serait en réalité bien plus que ça : disposant du pouvoir législatif, ses propositions auraient force de loi. Concrètement, cela donnerait la chose suivante : des citoyens débattraient sur un sujet donné. Au bout d'un certain temps, un modérateur interviendrait, réunirait les arguments et les exemples de chacun, pour rédiger une nouvelle proposition basée sur le principe du quasi-consensus. Ce texte serait transmis à un Conseil composé de citoyens actifs, d'élus politiques et de représentants d'associations qui changeraient en fonction des thèmes abordés. Ces membres l'analyseraient alors, vérifieraient que tout soit bien réalisable et cohérent avec les autres textes de loi, puis le renverraient ensuite aux députés. Inutile de dire que cette proposition ne pourrait pas être refusée : les élus de l'Assemblée Nationale se chargeraient seulement de trouver les moyens d'appliquer l'ensemble de ces mesures, et rédigeraient le texte final, publié et approuvé sur le Maelström avant d'être finalement voté.
Que proposez-vous pour renforcer les principes de la laïcité dans le rapport entre l'Etat et les religions de notre pays ?
Pas grand-chose, si ce n'est d'appliquer la loi de 1901 stricto sensu, sans aucune exception. Trop de questions sont posées autour de ce sujet qui mobilise énormément de ressources alors que, finalement, elle n'est pas si importante et qu'elle a normalement déjà été réglée depuis longtemps. Les citoyens ont liberté de conscience, mais afin de favoriser l'égalité entre tous les Français, il est nécessaire que toute trace religieuse, politique et même commerciale disparaisse des services de l’État.
Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
Il faudrait déjà que la République applique ses propres valeurs pour que les citoyens les respectent. Liberté ? Certaines lois, surtout récentes, commencent à la limiter. Égalité ? Quelle égalité entre une personne licenciée de son entreprise et une autre s'enrichissant de manière illégale avec la bénédiction de l’État ? Fraternité ? A quel moment peut-il y avoir de la fraternité entre les citoyens si certains sont abandonnés, laissés pour compte par la République ? C'est tout l’État qu'il faut repenser pour coller à ses grandes valeurs : ce n'est qu'à partir de là qu'un réel dialogue pourra s'engager entre tous les citoyens.
Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?
Très simple. Une solution existe déjà, les associations : il faut les promouvoir, les aider, les financer bien plus qu'actuellement, car ce sont elles qui créent du lien social et amènent à davantage d'engagement dans la société. Elles seules peuvent réunir des jeunes et des personnes plus âgées, des riches et des pauvres, des gens du centre et de la périphérie autour d'une passion commune. L'autre solution, qui n'existe pas encore cette fois, c'est évidemment le Maelström : comment faire pour que les citoyens s'engagent au jour le jour dans la société ? En les laissant s'exprimer, et en leur montrant que chacune de leur proposition est lue et respectée, et non pas laissée pour compte. L'exemple est facile : que va dire une personne qui n'aura pas été écoutée à la suite de ce grand débat ? Elle aura tout simplement eu l'impression d'avoir passé du temps à débattre pour rien. Recommencera t-elle ? Bien sûr que non. Seule la Webocratie peut redonner confiance en la société et donc pousser les individus à s'investir massivement dans celle-ci.
Quels sont les comportements civiques qu'il faut promouvoir dans notre vie quotidienne ou collective ?
Tout comportement civique positif doit être soutenu et encouragé, de la simple politesse à l'aide aux personnes en difficulté. Il n'y a pas de petite action, chacune est importante, et c'est la somme de celles-ci qui permettrait à la société de retrouver un peu de confiance en elle.
Que faudrait-il faire pour favoriser le développement de ces comportements civiques et par quels engagements concrets chacun peut-il y participer ?
L'éducation, évidemment. Il s'agit de la base de toute la société, et si celle-ci s'effondre en France actuellement, c'est parce que le système éducatif connaît une grave crise existentielle, raison pour laquelle il faudrait encourager une réforme profonde mais très éloignée de celles qui sont en cours, dans laquelle les professeurs auraient plus de poids. Cependant, l'éducation n'est pas le propre de l'école, et tout adulte a le devoir d'enseigner aux enfants les comportements civiques positifs. Compliqué, certes, mais pas impossible.
Que faudrait-il faire pour valoriser l'engagement citoyen dans les parcours de vie, dans les relations avec l'administration et les pouvoirs publics ?
La réponse est et restera la même : la Webocratie, par le biais du Maelström. Inciter les gens à participer à l'action de l’État, et réciproquement forcer les institutions à aller davantage au-devant des citoyens. Toutefois, cela doit s'accompagner bien sûr de réponses concrètes sur le terrain : si les citoyens demandent plus d'hôpitaux et un personnel médical plus nombreux, il semble évident que cela doit être mis en place. C'était bien là l'idée fondamentale de Rousseau dans son Contrat Social.
Quelles sont les incivilités les plus pénibles dans la vie quotidienne et que faudrait-il faire pour lutter contre ces incivilités ?
Tout comme il n'y a pas de petit engagement, il n'y a pas non plus de petite incivilité. De l'irrespect vis-à-vis d'une personne au vol, toutes doivent faire l'objet d'une lutte sans merci.
Que peuvent et doivent faire les pouvoirs publics pour répondre aux incivilités ?
Une fois de plus, l'éducation est la clé permettant à tous les futurs citoyens de respecter leur environnement et leurs compatriotes, l'Enseignement Moral et Civique jouant ici un grand rôle. Pour autant, ce n'est pas la seule solution : il faudrait également développer l'entraide et la coopération contre les incivilités. L'idéal serait ainsi de créer une section particulière dans le Maelström qui se présenterait sous la forme d'un chat, c'est-à-dire une discussion instantanée sur Internet, mettant en lien direct tous les Français se trouvant dans une zone géographique précise, ainsi que la police de proximité. L'objectif ? Signaler rapidement et efficacement à l'administration des soucis habituellement laissés pour compte, que ce soit des détritus jetés à terre ou des murs tagués. A terme, il ne serait pas impossible ainsi que des citoyens s'organisent en petits groupes pour nettoyer par exemple un espace particulier. A noter d'ailleurs que ce chat pourrait également donner naissance à des initiatives d'un tout autre genre, mais qui ne font pas l'objet du débat d'aujourd'hui.
Quel pourrait être le rôle de chacun pour faire reculer les incivilités dans la société ?
La réponse est située juste au-dessus : l’État fournit un logiciel accessible à tous, et les citoyens interagissent avec pour signaler toute incivilité.
Quelles sont les discriminations les plus répandues dont vous êtes témoin ou victime ?
Il n'y a pas de discrimination plus importante qu'une autre. Toutes sont condamnables, d'autant plus qu'elles varient considérablement selon les individus concernés.
Que faudrait-il faire pour lutter contre ces discriminations et construire une société plus solidaire et plus tolérante ?
La même chose qu'énoncé précédemment : utiliser le Maelström pour signaler tout manquement aux règles aux citoyens à proximité et aux autorités. L'entraide, la solidarité, la tolérance ne peuvent être mises en place que si chaque individu s'implique dans la société, et cela ne peut être rendu possible que si l’État leur donne les moyens de le faire.
Pensez-vous qu'il faille instaurer des contreparties aux différentes allocations de solidarité ?
Non
Que pensez-vous de la situation de l'immigration en France aujourd'hui et de la politique migratoire ? Quelles sont, selon vous, les critères à mettre en place pour définir la politique migratoire ?
L'immigration ne devrait pas être une question fondamentale dans un débat porté sur la démocratie et la citoyenneté. Le fait est que la société se focalise trop sur un débat qui ne devrait pas avoir lieu dans un pays dont la devise est « liberté », « égalité » et « fraternité ». Soyons fiers des origines de cette devise et ne perdons pas notre temps à discuter de l'arrivée de gens qui ne font que fuir leur pays en crise économique ou politique pour se réfugier en France. A partir de là, il n'y a pas lieu de fixer des critères : accueillons-les, aidons-les tant que ces migrants en auront besoin.
En matière d'immigration, une fois nos obligations d'asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?
« La mort d'un homme est une tragédie, la mort d'un million d'hommes est une statistique », aurait dit Staline. Comment un État comme la France ayant mis en place la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen peut-il avoir à sa tête un gouvernement qui se pose cette question ? Il n'y a aucun objectif à se fixer, en revanche il y aurait d'autres mesures à prendre.
Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?
Le problème ici est à prendre à la source : ce ne sont pas les migrants qu'il faut blâmer, c'est la situation économique et politique du pays qu'il fuit. A partir de là, quelle solution proposer ? Tout simplement aider les États qui sont en difficulté, éviter d'y déclencher des guerres, d'y vendre des armes, d'y appliquer des politiques économiques désastreuses. L'immigration n'est qu'un retour de bâton que la France se prend à la suite de plusieurs dizaines d'années de décisions catastrophiques. A nous désormais de réparer ces bêtises et de favoriser l'entraide avec ces pays mutilés. Comment ? Par les associations, par les actions menées au sein de l'ONU, par la limitation de la politique menée par certaines entreprises. Les solutions sont très nombreuses, encore faut-il avoir, une fois de plus, le courage de les mettre en place, plutôt que de se replier derrière un mouton noir bien pratique.
Quelles sont, selon vous, les modalités d'intégration les plus efficaces et les plus justes à mettre en place aujourd'hui dans la société ?
L'éducation et les associations sont le maître mot. Pour les personnes qui arrivent en France, qui ne parlent pas la langue et qui se sentent parfois rejetées, l'éducation est la clé : il faut leur permettre d'aller dans des classes spécifiques dans lesquelles elles apprendraient la langue, les coutumes et les valeurs, ce qui empêcherait ainsi tout repli sur elles-mêmes. Les associations peuvent également jouer un rôle fondamental dans l'intégration des migrants, en réunissant et aidant ces nouveaux arrivants ; faut-il encore qu'elles jouissent du soutien plein et entier de l’État.
Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Pour mettre en place une Webocratie en France, c'est-à-dire une démocratie directe dont la base serait des forums de discussion favorisant davantage les débats que les réseaux sociaux, il est absolument nécessaire de faire en sorte que tous les citoyens puissent s'impliquer. A Athènes dans l'Antiquité, les quelques 60 000 citoyens allaient déjà rarement tous prendre part aux discussions sur la colline du Pnyx. Mais cela ne doit pas signifier qu'il s'agit d'une solution d'ores et déjà perdue d'avance. En faisant du Maelström une base centrale pour l'ensemble des Français, sur laquelle ils pourraient s'informer, dialoguer et signaler les incivilités, le site hébergé par la République deviendrait rapidement un incontournable dans la vie quotidienne. Facilitant le dialogue entre l’État et ses citoyens, il permettrait de restaurer une confiance perdue depuis trop longtemps, et redonnerait aux citoyens la place qu'ils devraient avoir, c'est-à-dire celle de véritables décideurs, capables de proposer des lois en lieu et place d'un Sénat désuet déconnecté de la réalité. Il y a cependant un problème, et pas des moindres : l'accès à Internet en France reste très limité. Certains n'ont jamais appris à utiliser le Web, d'autres n'ont pas les moyens de s'acheter un ordinateur, et, finalement, la couverture des fournisseurs de réseau est loin d'être parfaite sur l'ensemble du territoire. Pour faire entrer la France dans une nouvelle ère, pour faire de notre pays le modèle démocratique des prochains siècles, il faut donc remédier à cela. Comment ? Une fois de plus, par l'éducation, qui a un grand rôle à jouer dans l'apprentissage de la maîtrise de l'outil informatique auprès des enfants. Toutefois, c'est aussi à l’État de rentrer directement dans l'arène, en fournissant des ordinateurs ou autres outils assimilés à tous les Français, mais également en réformant peu à peu son administration pour la rendre plus compatible avec la Webocratie. C'est là tout l'objet du deuxième point, discuté dans la partie « Organisation de l’État et des services publics ».
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